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Bibliothèque municipale de Lyon, 2ème arrondissement, 13 Rue de Condé 69002 Lyon, France
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Angèle Paoli, Sabine Huynh et Aurélie Tourniaire vous invitent à vous joindre à elles le 30 octobre 2012 à Lyon, à 19h00, à la bibliothèque municipale du 2ème arrondissement pour...
Une soirée "Jeux dits de la poésie", animée par Pierre André, bibliothécaire, autour de l'anthologie poétique "pas d'ici, pas d'ailleurs" (Voix d'encre, 2012), et la maison d'édition Voix d'encre.
Avec Alain et Françoise Blanc (Voix d'encre), Anne-Lise Blanchard, Béatrice Brérot, Louise Cotnoir, Sylvie Durbec, Bernadette Engel-Roux, Sylvie Fabre G., Sabine Huynh, Aurélia Lassaque, Angèle Paoli, Sabine Péglion, Nathalie Riera, Annie Salager, Hélène Sanguinetti, Marie-Ange Sebasti, Laurence Verrey, Geneviève Vidal-de-Guillebon, et d'autres poètes de Lyon et d'ailleurs... Un premier rendez-vous exceptionnel à ne pas manquer !
Bibliothèque municipale de Lyon, 2ème arrondissement, 13 Rue de Condé 69002 Lyon, France.
Cette rencontre représente pour moi bien davantage qu'une occasion de découvrir la mise en présence d'écritures « retenues » par nos quatre « assembleuses » : Sabine Huynh, Andrée Lacelle, Aurélie Tourniaire et Angèle Paoli (amie de longue connivence personnelle et littéraire , « Causeuse » parmi nous, même de loin ...) et de leur préfacière Déborah Heissler.
Les écritures sont comme des pays qu'on choisit ou non traverser, d’arpenter ou d’ ignorer sans avoir de compte à rendre, sinon à soi-même, et encore... rien ni personne n’a le pouvoir de nous y contraindre avec la totalité de nos possibilités d’intérêt. Il y a tant d'écritures à explorer autour de chacun(e) que l'on peut s'y perdre et oublier les manières d'y trouver un chemin de lecture qui puisse nous ramener à bon port. Autant dire, au silence de la réplétion qui apaise tout.
La poésie a l'avantage de réduire le nombre de mots et de condenser les directions si bien qu'il paraît plus facile d'en abandonner certaines pour privilégier celles qui nous parlent le mieux. Il n'y a donc aucune honte à déclarer qu'une telle anthologie ne sera jamais lue de manière linéaire, ni même égale en matière d'attention et d'adhésion.
Il y aura de la subjectivité assumée dans le choix des auteurs et des textes, la même sans doute qui a prévalu chez les quatre "assembleuses", que je vois comme des couturières sous leur lampe, ou même comme des « éclusières » ( cf le poème de Françoise Lison-Leroy p.105), en tout cas, dans des environnements complètement différents.
Je me plais à imaginer le décor du travail qui a abouti à ce livre, je n'ai aucun mal à imaginer celui d'Angèle, en surplomb de la mer, et c'est avec bonheur que je me restitue sa silhouette de femme active, au caractère trempé dans les odeurs marines et de maquis, à sourire intérieurement de ses emportements, ses coups de coeur, de sa pugnacité de colporteuse et de traductrice qui peuvent sembler anecdotiques, mais qui signent un reél engagement dans la langue partagée, en TerreS de FemmeS au pluriel, et c'est bien de cela qu'il s'agit. Non d'une revendication féministe qui agace tant de gens à cause de sa légitimité poil-à-gratter, de sa plainte inextinguible et récurrente, mais d'une émergence du féminin dans toute écriture qui révoque l'idée de maltraitance et d'ignorance dont souffre l'humanité depuis la nuit des temps.
Venant tout juste de terminer la lecture d'un livre de l'Antillaise exilée Maryse CONDE "La vie sans fards", entendue récemment à la radio, je me sens d’autant plus prête à écouter la voix nouvelle de femmes. Les voix mêlées de femmes sans entraves autres que leur propre ambivalence devant les responsabilités que requièrent les prises de parole libre assorties d'actes d'indépendance qui soient non pas des ruptures mais des promotions sans caution infâmante, dans la vie littéraire mondiale.
Tout cela se trouve vraisemblablement dans PAS D'ICI , PAS D'AILLEURS. Je sais d'avance que cette thématique de liberté est présente sans avoir à vérifier. Je sais aussi que cette anthologie n'est pas terminée, elle ne fait qu'égrener les désirs d'exister les plus pressants et les plus expressifs du moment, elle ouvre une brèche vive dans le mur des lamentations de toutes « les chambres à soi » potentielles :
Comment choisir parmi 156 voix autrement qu’en ouvrant le livre au début, puis , très vite… au hasard ?… Ainsi pour amorcer un murmure qui ne fera que s’engrosser de lui-même à l’intérieur de moi et qui me conduira à ma propre voix en robe de poème…
J’ai commencé par retranscrire dans cette note, les premiers mots, la première phrase , la strophe de chaque poème, avec l’idée d’aller dans le sens du livre… puis je me suis dit que ce serait trop long, et qu’il fallait aller à la rencontre d’auteurs que je connaissais, les Lyonnaises, les écritures déjà appréciées grâce à leur rencontre sur internet…retrouver les amitiés d’écritures ayant résisté au temps et à l’éloignement… Puis pour finir, j’ai décidé de faire confiance aux lecteurs aux lectrices, attendre qu’ils ou qu’elles aillent entendre ce qui leur convient dans ce livre très « nourrissant »…
Préférer laisser parler un homme, un lecteur, un psychanalyste épris de poésie François Gantheret qui cite Blanchot dans L’Espace littéraire… qui cite lui-même Rilke grand amoureux des femmes :
Ô, dis-moi poète ce que tu fais. – Je célèbre.
Mais le mortel et le monstrueux,
comment l’endures-tu, l’accueilles-tu ? – Je célèbre.
Mais le sans nom, l’anonyme,
comment, poète, l’invoques-tu cependant ? – Je célèbre.
Où prends-tu le droit d’être vrai
dans tout costume, sous tout masque ? – Je célèbre.
Et comment le silence te connaît-il et la fureur,
ainsi que l’étoile et la tempête ? – Parce que je célèbre.
De la…
D |
émesure avec Agnès Schnell p.15
L'heure était à l'absence
à cette nécessité portée
en creux dès l'origine,
à se dire en staccato
qui affolait
et refusait de se tarir
[...]
à…
L’ |
oiseau de cendres avec Sylvie-E. Saliceti p.298
Les marais rougissent de plumes affleurant sur la nuit du lac. J’ai vu des ailes de feu, de toute leur amplitude s’ouvrir entre deux silences. Adossées au rayon droit de la lune, elles se déployaient, lourdes, géantes, couvertes par l’encre de l’étang dont les fonds étanchaient une averse de siècles, puis une autre. J’ai bu jusqu’à la lie, le sang blanc, le sable où perce la parole perdu. A la verticale du ciel tout a disparu sauf l’édifice de la page.
[ …]
Et si comme Valérie ROUZEAU « Je sors dans ma tête seule »… J’accepte volontiers de donner la main, à toutes les femmes qui ont fait en sorte que ce livre naisse et permette « la célébration » au delà du culte des personnes, dans la dimension du LIEU partagé, qui espère-t-on, peut protéger du délire et de l’exil de soi à l’intérieur du langage franchissant les frontières de la francophonie et de la condition des femmes qui écrivent et publient.
J’attends avec impatience après-demain pour saluer et embrasser certaines femmes du livre, qui en ressortiront bien réincarnées et je le souhaite, heureuses et interactives pour le plus grand plaisir du public mixte et présent.
28.10.2012